concilier les études supérieures et le foot par Guigui
À 6 ans, j'apprenais à lire et je commençais le football... 20 ans plus tard, je joue et apprends toujours...
Quand il m'a été demandé d'écrire ces quelques lignes pour animer la vie de notre site internet, je me suis posé la question du comment : comment aborder la question du lien football en club-études supérieures ? Puis, je me suis mis à penser à ma propre expérience. Non qu'elle soit exceptionnelle mais bien au contraire parce qu'elle est à la fois singulière et banale. Et que précisément, elle pose la question dudit lien ! C'est donc dans ce mouvement quelque peu introspectif que je puiserai la matière première de mon propos. Propos visant, non à répondre, mais à poser la question (qui se pose à beaucoup de parents, d'enfants, de jeunes adultes) de la place du football dans nos trajectoires individuelles, hyper-modernes !
Avant toute chose, accordons-nous d'emblée. Le football dont je parle ici, c'est celui des rectangles verts incertains, parfois champêtres, qui réunit chaque week-end, familles, enfants, parents, beaux-parents. C'est ce football des anonymes, ce football discret qui ne brille pas de ses millions mais de ses milles sourires, de ses milliers de bénévoles qui, sans le savoir, sont des résistants au service de notre bien commun le plus précieux : notre vivre-ensemble ! C'est celui que l'on nomme génériquement Football amateur. Celui que je pratique depuis 20 ans et que d'autres depuis des décennies pratiquent malgré la complexification de nos vies, la multiplication des sollicitations, des appartenances. En 1963, lorsque le FCH gagnait sa première coupe des Landes, il se trouve qu'un certain H. Daraignez présidait le club... Mon grand-père. S'il était là pour en parler, je suis sûr qu'au fond, on se rejoindrait. Je suis sûr aussi qu'il serait surpris de voir les multiples sollicitations auxquelles nos jeunes joueurs sont aujourd'hui confrontés. Non une surprise amère mais au contraire, une surprise heureuse. Heureux qu'il serait de voir que nos vies s'enrichissent, s'étoffent. Mais que demeure l'essentiel : le plaisir d'une victoire partagée, d'un moment de vestiaire vécu à 15, 16 ou plus encore.
En juin 2014, quand se dessinera l'aube de mes 27 ans, j'achèverai ma 20ème saison sous ce si cher (à mon cœur) maillot du Football Club d'Hagetmau. Juin 2014, sera aussi le mois au cours duquel je soutiendrai mon travail de recherche, dans le but d'obtenir un master en sciences de l'éducation. À 6 ans, j'apprenais à lire et commençais le football au FCH. 20 ans plus tard, je joue et j'apprends encore...
Je me souviens en 2005, lorsque j'obtenais mon baccalauréat scientifique et qu'apparaissaient tous les possibles. Je décidais de partir à Bordeaux. Je ne l'avouais pas à mes parents mais ça me rapprochait de Lescure pour y voir mon club de cœur (aujourd'hui quelque peu en difficultés mais je laisse à Snack le plaisir de s'en délecter avant de subir notre retour fulgurant!). Comme quoi, déjà, le football participait de mes choix de vie...
Je me souviens de ces dimanches soir, en gare de Mont-de-Marsan où je pénétrais ce TER bondé, des souvenirs sportifs plein la tête. Parfois, durant cette heure de trajet, je refaisais le match joué quelques heures plus tôt. Je riais de notre victoire ou râlais de mon occasion manquée (et elles sont rares mes occasions de marquer alors ma frustration était d'autant plus grande lorsque la largeur de la cage résistait à la précision de mon coup de tête. Mathieu L., je te prie de ne pas rigoler!)
Je me souviens de mon plaisir, après une semaine studieuse (Parents, croyez-moi, vos enfants vont en cours et se récompensent simplement de cette assiduité en parcourant les rues escarpées et enivrées du quartier Saint-Pierre tous les jeudis soirs!), à reprendre ce même TER en sens inverse. Car je savais qu'au bout du quai, je chausserai mes crampons pour partager quelques passes (parfois manquées), quelques tacles (souvent réussis) avec les copains.
Je me souviens aussi des mercredis soir où je rejoignais Alex pour un footing en bord de quai (ces bords de quai vous offrent parfois de belles vues sur la Garonne s'offrant en lit au soleil... et sur de jolies femmes effectuant leur footing. Mais ça, c'est surtout Alex qui y prêtait attention!) Ces footings étaient une opportunité de maintenir la forme, par anticipation de la soirée du jeudi et de l'entrainement du vendredi. Grâce à eux, je pouvais continuer de rivaliser avec Pierre C. sur le fond !
Je me souviens, en tout cas, l'importance que conservait la pratique du football dans l'équilibre de mon parcours étudiant. Jamais l'un n'a empêché l'autre. Au contraire, je voudrais, à travers ce texte, vous faire partager ma profonde conviction : la pratique du football en club a participé du bon déroulé de mes études supérieures en m'offrant chaque fin de semaine la possibilité de partager, me dépenser, rire, râler. Bref, ressentir et partager. Puiser dans ces moments de vivre-ensemble l'essence qui dynamise ma trajectoire individuelle.
Viendra bientôt le moment de me distancer d'une pratique intensive du football (Régis, pourras-tu publier les feuilles de présence depuis 3 ans pour soutenir mon propos!) Depuis 2 ans, je suis un cumulard : je joue, j'étudie, je travaille. Ma vie s'étoffe. Celle des nouvelles générations se complexifie, se densifie. Ne regardons pas mélancoliquement derrière et réjouissons-nous plutôt que nos enfants puissent toutes à la fois pratiquer (raisonnablement) plusieurs activités. Certains cumulent musique, études, sport (Alexis D. est notre idéal-type au club) et nous donnent à voir qu'il est possible et même enrichissant de mener tout de front, sans excéder nos possibilités de vivre !
Alors s'il y a bien un essentiel dont je souhaite témoigner au travers ce succinct récit de ma banale expérience personnelle : c'est que le football (celui dont on a parlé) n'est jamais un frein. Bien au contraire, il est un formidable puits de vivre-ensemble, dans nos sociétés hyper-modernes succombant trop vite, sans résistance, aux sirènes de l'individualisme. On cherche tous, toute notre vie, à résoudre notre équation personnelle. Parfois, des choix s'imposent. Il faut discriminer, exclure, ajouter.
Pas plus tard qu'hier au soir, nous étions nombreux au siège du club, à partager un repas. Plusieurs générations se chevauchaient (des 17 ans au vétérans !) pour former un tout convivial, partageux. Rares sont ces moments qui nous ramènent à l'essentiel. C'est encore le football qui l'a permis...
Au crépuscule de mon parcours universitaire (quoique, l'appétit est toujours là, alors qui sait...), je suis convaincu de mon choix de n'avoir jamais ôté le football de mon quotidien, résistant ainsi à la thèse d'une hypothétique impossibilité à mener tout de front (études-pratique du football).
Puissent ces quelques lignes, aider nos jeunes, leurs parents, confrontés à ce type de questionnement, de trouver les réponses, leurs réponses...
Sportivement...
Guigui